Une curiosité littéraire :
"Le Trio d'Onslow"

par Baudime Jam

Dans son édition de l'année 1859, soit six années après le décès de George Onslow, l'Almanach Musical publia en douze pages, sous la plume d'Alfred de Bougy, une nouvelle intitulée "Le Trio d'Onslow" dans laquelle étaient narrées les démêlées sentimentales d'un jeune Britannique répondant au nom de Timothy Halltry. Nous vous le présentons pour la première fois sur ce site.

L'intrigue de cette bluette se noue autour d'une partition inédite que George Onslow - désigné ici comme "compositeur anglais" - aurait offerte, en gage d'amitié, à l'un des personnage du récit, le major Sir Herbet Oltram, oncle du jeune tourtereau évoqué précédemment et onslowphile exclusif ainsi que nous l'apprend cette description extraite du texte : "Sir Herbet Oltram était un grand et beau vieillard dont les cheveux, d'un blanc d'argent, faisaient ressortir le teint assez fortement coloré. Il avait [...] une passion prononcée, je ne dirai pas pour la musique d'ensemble, mais pour un seul morceau, qu'il jouait invariablement depuis plusieurs années, un trio composé par George Onslow, auteur de quintetti si remarquables et si estimés. Sa petite et très innoncente excentricité britannique, sa monomanie, sa toquade, comme on dit maintenant, c'était d'étudier, de rabâcher sans cesse, exclusivement, la partie de violoncelle du trio qu'il savait par cœur. Lié d'amitié avec Onslow, il trouva l'occasion de lui rendre un service signalé, et quand le compositeur de renom voulut s'acquitter, sir Herbert le pria d'acrire pour lui un trio (piano, violon, violoncelle) et de lui en donner le manuscrit autographe, signé et daté de sa main. Mais pourquoi, dira-t-on, un trio plutôt qu'un quatuor ou quintette . Pour une raison bien simple : Oltram jouait du violoncelle de façon remarquable ; Halltry, de son côté, était un violoniste distingué, et, selon toute probabilité, la femme de celui-ci serait plus ou moins pianiste. Il fallait donc écrire un trio. Ce morceau, d'après le vœu de sir Herbert, serait sa propriété, et ne figurerait point dans l'œuvre imprimée du maître. Le major seul pourrait en disposer à sa guise, le garder inédit, le transmettre en manuscrit à ses héritiers ou le faire imprimer, si la fantaisie lui en venait. Onslow se prêta gracieusement au désir et à la fantaisie étrange de son ami. Sir Oltram fut au comble du bonheur. Il eût préféré, je crois, perdre la vie que de eprdre ou d'aliéner le précieux autographe musical." (chap. II). Nous vous laissons le plaisir de découvrir la suite en lisant le texte intégral ci-dessous. Pour ce qui est du onzième trio d'Onslow, le mystère reste entier et le narrateur conclut malicieusement par ces mots : "Je n'ai pas appris que Sir Hernert Oltram ait fait imprimer le trio."

L'auteur de ce texte encore inconnu récemment, est un écrivain français, romancier et poète, qui se prénommait Alfred James Louis Joseph de Bougy, né le 5 novembre 1814 à Grenoble, et décédé le 4 septembre 1874 à Évian-les-Bains. On lui doit notamment une Histoire de la Bibliothèque Sainte-Geneviève (1847), Le tour du Léman, voyage pittoresque, historique, littéraire et philosophique sur les rives du lac de Genève (1847), Évian et ses environs, province du Chablais en Savoie, rive gauche du lac Léman (1852), Les Bourla-Papei ou brûleurs de papiers, Un million de rimes gauloises: Fleur de la poésie drolatique et badine depuis le XVe siècle recueillie (1858), Voyage dans la Suisse française et le Chablais (1860), ainsi que de nombreuses préfaces parmi lesquelles celles d'Andorre et Saint-Marin de George Sand et de Fragments inédits de Jean-Jacques Rousseau. Son intérêt pour la musique trouve une illustration dans la notice qu'il rédigea en 1827 pour une nouvelle éditions des "Chansons et poésies diverses" de Marc Antoine Desaugiers (1772-1827).

Je remercie Pierre Landau de m'avoir signalé l'existence de ce texte lors d'une rencontre à Clermont-Ferrand le 24 mars 2005 : j'ai eu le plaisir de pouvoir le présenter lors d'une conférence à l'Université de Nottingham quelques mois plus tard. B.J.

 

 

On notera enfin que les éphémérides de cet almanach réservent une place à George Onslow au jour de sa naissance, le 27 juillet, preuve que sa mémoire était encore bien vivante, du moins dans la capitale, quelques années après sa disparition :


Nous vous offrons à présent l'occasion de lire en exclusivité la nouvelle intitulée "Le Trio d'Onslow" :

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page 9 (illustrée d'une gravure représentant le concert en trio)

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Un exemplaire de cette publication est conservé à la BNF de Paris (départemant Musique) sous la cote BP 390.

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